Présentation de Pierre-Olivier Pineau.

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Résumé : L’Allemagne constitue la 5e plus grande économie au monde alors que le Canada est le 5e producteur d’énergie. Leur forte relation et les valeurs qu’ils partagent peuvent les aider à tirer parti de leurs complémentarités pour oeuvrer à la transition énergétique qu’ils souhaitent tous deux réaliser. Avec 80 millions d’habitants, l’Allemagne a deux fois la population du Canada et un PIB encore plus important. Malgré ces deux importants moteurs de la demande d’énergie, la consommation allemande n’est que légèrement supérieure à celle du Canada. Elle est également sur une trajectoire décroissante, en termes absolus, alors que la consommation énergétique continue de croître au Canada. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) suivent une trajectoire similaire. Ces deux différences, soit celle de l’intensité énergétique et celle de la tendance, ne doivent pas occulter le fait que la consommation finale d’énergie repose sur un mix énergétique semblable en Allemagne et au Canada (environ 45 % de produits pétroliers, 25 % de gaz naturel, 20 % d’électricité; les biocarburants, les déchets et le charbon constituant la part restante). De plus, la consommation d’énergie dans les deux pays se répartit de manière très similaire entre les secteurs : environ 25 % pour l’industrie, 30 % pour les transports, environ 20 % pour le secteur résidentiel, 12 % pour le secteur commercial, 3 % pour l’agriculture et 10 % pour l’usage non énergétique.

L’approche allemande pour la transition énergétique est cependant bien distincte de celle du Canada. L’Allemagne a une vision beaucoup plus claire du nouveau « concept énergétique » qu’elle s’emploie à mettre en oeuvre. Il s’agit d’un concept basé sur l’efficacité énergétique, sur les énergies renouvelables et sur l’électricité. Le leadership fort du gouvernement allemand est assuré par le ministère fédéral de l’Économie et de l’Énergie (BMWi), avec peu d’action indépendante de la part des 16 lands du pays. L’Union européenne joue également un rôle régional dans la coordination de l’action énergétique et climatique. Au Canada, le gouvernement fédéral a non seulement moins de leadership (en raison de la répartition constitutionnelle des responsabilités), mais le leadership en matière d’énergie et de climat est partagé entre divers ministères (principalement des ressources naturelles et de l’environnement), avec moins de coordination avec les ministères responsables du développement économique. Du point de vue de la décarbonation, les changements observés dans le secteur énergétique allemand sont jusqu’à présent beaucoup plus convaincants que ceux qu’on note au Canada.

Les deux pays font face à des défis communs dans la poursuite des actions vers la transition énergétique. Cinq principaux défis se dégagent. En effet, il importe de garantir l’adhésion et le leadership du secteur privé. Il faut aussi prévoir une sortie progressive convaincante et socialement acceptable du secteur des énergies fossiles. Il faut également accélérer la transformation du réseau pour en accroître la capacité, la flexibilité et l’intégration. Il convient par ailleurs de préciser le rôle du nucléaire et clarifier les conséquences de ne pas y souscrire, en raison de ses répercussions sur le réseau et sur l’ensemble du système énergétique. Enfin, il faut discuter de l’avenir de l’hydrogène dans le mix énergétique, avec ses exigences tant en amont qu’en aval.